SAISON 2004-2005

29/09/2004 - La structure de la conscience - Didier Dumas
La psychanalyse a tendance à identifier le conscient au langage, alors que la pensée n’est pas constituée que de mots. Prenant source dans la perception du monde et des autres, la pensée implique autant la façon dont nos yeux nous les montrent que les affects et les sensations qui y sont attachés. Voilà en quoi la conception psychanalytique de la conscience est insuffisante. Elle a trop rapidement identifié celle-ci à sa dimension verbale. Or la conscience langagière est non seulement une instance tardive (qui ne commence à se structurer qu’au cours de la troisième année, avec l’acquisition du « je » et la formulation des phrases), mais à cet âge, il existe déjà une autre forme de conscience : la conscience prélangagière. Celle-ci est antérieure à l’appréhension des mots et émane de la « pensée en images » qui, à l’âge adulte, est celle des rêves, mais qui, dans la prime enfance,  à tout d’abord été celle avec laquelle les bébés nous comprennent. Nous verrons donc comment ces deux formes de conscience sont liées à l’asymétrie fonctionnelle des hémisphères cérébraux (le droit recelant la mémoire des formes et des images, et le gauche, celle des mots), mais restent néanmoins étroitement imbriquées dans l’activité mentale, car si nos structures cérébrales ne disposaient pas des moyens d'associer les mots à tout un réseau d'images et de sensations, ceux-ci n'auraient pour nous aucun sens.

06/10/2004 - La vie après la mort d’après Jung - Tatiana Fonseca
Dans son autobiographie, « Ma vie, souvenirs, rêves et pensées », Jung expose sa théorie du transgénérationnel et insiste sur les liens qui se tissent entre les vivants, les morts, les ancêtres et les esprits. À travers les phénomènes parapsychologiques qui jalonnent sa vie, son arbre généalogique, ses nombreux rêves, et ceux de ses patients, il élabore ses idées sur la vie après la mort, non plus en fonction de sa capacité de raisonner, mais en fonction de sa capacité de « fabuler », c’est-à-dire de « prêter une oreille attentive aux étranges mythes de l’âme ». Pouvoir ainsi « mythologiser » représente pour lui une « activité vitale salutaire ». À partir de ce thème de la vie après la mort, il reprend une définition de l’inconscient collectif empruntée à une croyance australienne : « L'inconscient est, selon les conceptions les plus anciennes, le royaume du rêve et aussi celui des morts et des ancêtres».

20/10/2004 -
La sexualité taoïste - Catherine Despeux
On a souvent opposé la sexualité chinoise à la sexualité occidentale, sans tenir compte du fait qu’il a existé de multiples formes de sexualité en Chine comme en Occident. Catherine Despeux nous présentera donc la forme de sexualité chinoise qui s’est formée et a été enseignée dans les milieux religieux taoïstes et qui, en conséquence, est indissociable des pratiques religieuses : prière, méditation, rituels, dans une vie collective ou d’ermite. Elle nous présentera les images et représentations du corps proprement taoïstes, leur façon de concevoir les rapports homme/femme, les pratiques sexuelles, la place et la fonctions qui leur sont accordées.
Professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales, Catherine Despeux à écrit de nombreux ouvrages dont, entre autres, Zhao Bichen, traité d’Alchimie et de Physiologie taoïste (Ed. Les Deux Océans), Immortelles de la Chine Ancienne, (Ed. Pardès).

24/11/2004 -
La conception chinoise de l’âme - Elisabeth Rochat de la Vallée
Dans la culture chinoise, les esprits, Shen, sont des puissances qui existent en elles-mêmes : des agents du Ciel capables de protéger les humains ou de leur nuire. Les esprits animent le corps et sont présents dans le centre de la personne qu’est le Cœur, ainsi que dans tous les organes ou parties de l’organisme. Ils ne correspondent toutefois pas à l’âme conçue comme un principe de vie personnelle qui survivrait à la mort. L’âme individuelle est constituée des Hun et des Po qui sont personnels et vivent en couple : leur union, c’est la vie ; leur séparation, notre mort. Hun et Po sont ainsi les deux facettes de la vie sur Terre. Ils constituent la dualité propre à toute expression de la vie, faisant qu’une partie de l’être humain appartient depuis le premier commencement au Ciel, et qu’une autre est irrémédiablement liée à la Terre, leur étreinte constituant la vie sur Terre. La part terrestre de l’âme fixe l’être humain dans un corps, une forme : ce sont les Po. Sa part céleste tend à s’élever vers ce qui est subtil et clair : ce sont les Hun.  Cela toutefois à condition que les Hun soient inspirés par le Ciel, les esprits (Shen) et l’ordre naturel, afin que la clarté ne se retire pas d’eux, en les rendant mauvais et nuisibles. Pour la même raison, les Hun doivent toujours dominer les Po. Au cours de la vie, Hun et Po se chargent de vitalité, et la qualité de ce qu’ils absorbent crée une animation dont la puissance n’est pas éteinte par la dissociation qu’opère la mort.
Membre fondateur de l’École Européenne d’Acupuncture, Elisabeth Rochat de la Vallée a écrit de nombreux ouvrages dont, entre autre : Les mouvements du cœur, Psychologie des chinois (éd Desclée de Brouwer)

15/12/2004 -
Comment la Chine est passée de l'animisme primitif à la notion de Tao - Antony Tao
Bien que le taoïsme soit considéré comme l’une des grandes religions de la planète, le monde occidental a eu un certain mal à cerner ce qui le différencie des autres voies religieuses. La vie humaine y étant conçue comme le produit d’une union des souffles du Ciel et de la Terre, on a eu tendance à y voir une « religion sans dieu », une « philosophie de l’existence » ou un « mode de vie vénérant la nature ». Or si le taoïsme se différencie des religions structurées par la croyance en un dieu créateur, comme le sont les religions bibliques, c’est que, contrairement à elles, il n’a non seulement pas rejeté la base chamanique sur laquelle toutes les religions se sont construites, mais en a solidifié l’armature dans la « théorie du chemin » qu’est le Tao.  Voilà ce sur quoi s’est penché Antony Tao qui nous montrera que la Chine est le seul pays où la pensé chamanique s’est à ce point inscrite dans la culture et la civilisation durant plusieurs millénaires.
Antony Tao a écrit : Chamanisme et civilisation chinoise antique, aux Éditions L'Harmattan.

12/01/2005 -
Mort provisoire et mort définitive - François Brune
François Brune est un des rares prêtres à s’être penché sur la question de l’Au-delà. Pierre Bacelon et Didier Dumas l’ont connu à IANDS-France, dans un groupe de recherche sur les N.D.E. (near death espérience ou expérience de mort imminente). Il nous parlera de ses recherches :
La personne peut se détacher de son corps, être en état de mort apparente, avant que le corps n’ait achevé la sienne. C’est ce qui explique que l’on peut faire l’expérience de la mort et que, si celle-ci n’a duré qu’un temps très bref, l’on puisse revenir dans son corps et le réanimer. Dans ce temps très bref, la personne provisoirement morte a néanmoins vécu l’expérience du début de la vie après la mort et peut la décrire. Ce qu’elle en dit est confirmée par des témoignages déjà anciens de communication avec des défunts qui ont décrit les différentes étapes de leur passage dans l’Au-delà. Cette expérience qui se produit sans qu’on s’y attende et qui peut arriver à tout le monde est, pour l’essentiel, indépendante des convictions philosophiques et religieuses. Dans sa dimension la plus profonde, elle est comparable aux expériences mystiques et, la plupart du temps, elle produit un bouleversement complet de l’échelle de valeurs et marque le début d’une recherche spirituelle intense.
Auteur de nombreux livres, François Brune a entre autres écrit : Pour que l’homme devienne Dieu (Éd. Dangles), Les morts nous parlent (Éd. Le félin et Le livre de poche), Saint Paul (Éd. Flammarion).

09/02/2005 -
Le génocide du Rwanda - Yolande Mukagasana
En avril 1994, au Rwanda, plus d'un million de personnes sont assassinées à la machette par ceux qui, la veille encore, étaient leurs voisins, leurs amis, leurs collègues. Yolande Mukagasana et les siens se réfugient dans la brousse. Joseph, son mari, est pris le premier. Elle s'efforce de mettre ses enfants à l'abri, mais ne les reverra jamais. Seule de sa famille à avoir survécue, aujourd'hui, Yolande témoigne : «  Je ne condamne personne. Je ne condamne que le génocide partout où l'on cherchera à exterminer un peuple. Je ne fais pas de politique. Il y a plus fort que cela : aimer l'humain pour ce qu'il est, avec  sa force, sa faiblesse, sa haine, son sourire. Ma vie d’avant le génocide, c'est un peu comme une vie antérieure. Depuis, je n'ai plus qu'un ami, c'est mon témoignage. Mais peut-être qu'un jour, je serai à nouveau capable d'avoir des amis ».
Yolande mérite d'être écoutée et entendue, car au-delà du témoignage, son expérience se révèle  comme un enseignement sur la vie, la mort, la haine, l'amour, la féminité, la maternité et le sens de l’existence. Plus qu’un témoignage, c'est à une rencontre que nous vous convions, celle où au fil des questions et réponses, c'est l'humain : nous-mêmes, que nous tenterons de comprendre avec elle.
Yolande Mukagasana a écrit deux livres en collaboration avec Patrick May, La mort ne veut pas de moi et N'aie pas peur de savoir  (Robert Laffont) et un livre de photographies, Les blessures du silence avec Alain Kazinierakis (Actes sud).

16/03/2005 -
Comment se conjuguent la lumière intérieure et la lumière extérieure - Ghislaine de Laage
La perception que nous avons du monde est le résultat d'une négociation entre la vision fœtale et la mise en fonctionnement, à la naissance, par la lumière, du système visuel neuronal. Dans le « vide de voir » du ventre maternel, le fœtus élabore une « vision cosmique » qui se constitue à partir de toutes les perceptions sensitives autres que visuelles. Son univers mental ne différencie pas encore l’extérieur de l’intérieur. Il est alors ouvert à cette part invisible du vivant qu’est la vie énergétique et mentale. Si l'ouverture des yeux sur le monde extérieur n'est pas trop violente ou tyranniquement dominante, elle laissera à l’enfant, la capacité de percevoir tant le visible que l'invisible, en associant la « vision cosmique » intérieure ou inconsciente, à celle, extérieure, de la lumière solaire et du langage.

13/04/2005 -
Analyse et réinformation cellulaire - Michel Larroche
Nous traînons tous avec nous des séquelles de chocs qui sont, soit restées gravées dans notre mémoire consciente, soit que nous avons  occultées ou oubliées. Ces mémoires de chocs finissent par altérer le fonctionnement de la matière même de notre corps. Pour disposer d’une grille de lecture efficace et capable de corriger ces défauts d’information, on ne peut en aucun cas se dispenser d’une transdisciplinarité dans une synthèse cohérente. C’est le but et le travail de l’Analyse et Réinformation Cellulaire.
Michel Larroche a écrit : Mes cellules se souviennent (éd. Guy Trédaniel).

15/06/2005 -
Ainsi parle l’esprit de la Plante - Jean-Marie Delacroix
Psychanalyste formé à la Gestalt et la bioénergie, Jean-Marie Delacroix nous racontera comment sa rencontre avec les thérapies traditionnelles ancestrales et plus particulièrement avec ce qu’on appelle les « plantes sacrées » est venue bouleverser l’homme et le psychothérapeute qu’il est. Aujourd’hui dit-il : « j’ai tendance à penser que ce qui fait qu’il y a transformation chez l’être humain en thérapie sont ces moments où la conscience est suffisamment élargie pour lui permettre de rencontrer ce qui habituellement lui échappe et qui n’est pas de l’ordre du refoulement au sens de Freud. Il y a, en effet, d’autres niveaux de réalité et de conscience qui nous permettent  de travailler sur les mémoires inscrites dans notre organisme. Mais alors, au lieu de considérer l’être humain comme quelqu’un de conditionné par l’inconscient nous devons le considérer comme un ensemble de mémoires en attente d’ouverture et de révélation ».
Il nous parlera également de la façon dont cette initiation lui a permis de se préparer à une rencontre tout à fait étonnante avec un autre, un « donneur » et qui s’est faite par l’intermédiaire d’une transplantation hépatique dont il a eu la chance de bénéficier quelques mois après son dernier séjour en Amazonie.
Co-créateur de l’Institut de Gestalt-thérapie de Grenoble, Jean-Marie Delacroix a publié entre autres : Le Tantra, en collaboration avec Agnès Pin-Delacroix, Ed. l’Harmattan, et Ainsi parle l’esprit de la plante, Ed. Jouvence.